Édito de l’édition 2024

Cette année encore le festival va lancer des sons, des images, des paroles et des gestes vers un public qui semble encore plus curieux que nous ! La visite de la compositrice Diana Soh, la danse réinvitée dans la programmation, le retour de la Soustrac’, la participation accrue de l’ensemble 2E2M, le centenaire de la mort de Fauré, notre persistance à inviter la pratique amateure autour de la production d’un spectacle, notre volonté d’accueillir à nouveau le cinéma, l’organisation d’une exposition à la Galerie du Tournant, la venue d’une compagnie de Belgique pour une pièce puissamment militante, et autres nouveautés et surprises en cascades forment le tissu serré et vibrant de cette nouvelle édition.

Nous avons également voulu y inscrire un « festival de solos », à retrouver presque chaque jour à 17h. Comme des signes variés d’une liberté à reconquérir, d’une crise de la subjectivité, d’une disparition du commun ?
Nous nourrissons, chevillée à l’âme, la conviction que le passage par le monde sensible, cette sorte d’aventure un peu indistincte, poreuse, imaginaire et palpable, cette danse quotidienne des affects par nos corps vulnérables et hésitants, retrouve le sens de notre humanité.

La violence qui s’exerce est toujours oublieuse d’un endroit commun. Le partage du sensible comporte une vraie dimension politique.

Quels que soient nos goûts et penchants, au-delà des opinions et des jugements moraux, dans toutes les variétés de genres et d’origines l’identité se construit jour après jour dans l’entreprise du sensible. Au lieu de fabriquer des idées, l’Art rétablit notre fondement.

Ce n’est pas toute la vérité, ce n’est pas toute la justice, ce n’est pas non plus un au-delà.

Continuons à imaginer un monde où les arts – de vivre, penser, travailler, créer –, les savoirs, les cultures en devenir et le soin des corps et de notre nature (pourvu que nous la reconnaissions) seraient au centre, à la manière d’un tronc veineux où tout passe avant de se disperser, puis revenir avant de se disperser à nouveau. Notre commun.

Peu après la crise sanitaire, et dans le contexte d’une actualité instable, le monde de la culture affronte de nouveaux vents contraires qui mettent encore en danger les conditions de vie des artistes et de tous les métiers qui les accompagnent.

Dans le débat politique actuel, la culture est-elle encore un sujet ?

Construire un festival avec des artistes, des équipes, un public, un territoire, des spectacles et des fêtes est pour nous un effort aussi modeste qu’acharné, à notre petite échelle : retrouver, pour quelques heures, le sens du commun.